SUR LES COTES MEDITERRANEENNES AUSSI…
Bien que leur situation géographique ne s’y prêta guère – les rives algériennes étaient hors de portée, l’Italie fasciste était la voisine de l’Est, l’Espagne franquiste celle de l’Ouest – les côtes méditerranéennes furent le point de départ de quelques évasions par mer, le Réseau d’évasion Pat O’Leary - basé à Marseille - disposant même d'un bateau reliant la côte française à Gibraltar.
…ET DANS LE FINISTERE
Ernest Sibiril
Dès l’arrivée des Allemands en Bretagne en juin 1940, Jacques Guéguen, un pêcheur breton, va, avec un navire sablier de 8,40 m le « Pourquoi pas ?» effectuer - depuis le Pont de la Corde à Henvic - trois allers et retours à Jersey, puis un autre vers l'Angleterre à Fowey, en Cornouailles, pour y évacuer des militaires britanniques et des Français répondant à l’Appel du 18 juin…
Menacé d’arrestation, Jacques Guéguen, alors âgé de 65 ans, va devoir se résoudre à gagner l’Angleterre avec son fils François, âgé de 16 ans, faisant appel à l’aide de l’un de ses amis, Ernest Sibiril constructeur de bateau à Carantec, une petite ville de la baie de Morlaix. C’est à bord d’un cotre de 7m 50, « l’André » que Jacques Guéguen et son fils, accompagnés d’un officier de renseignements belge et d’une infirmière-major, partis de Carantec dans la nuit du 10 février 1942 rallièrent le port de Fowey, après 31 heures de traversée…
Ernest Sibiril va, avec plusieurs membres de sa famille, monter un véritable réseau d’évasion d’une vingtaine de personnes dont une des premières tâches - les Allemands ayant recensé tous les bateaux pouvant prendre la mer - va être de restaurer des épaves afin de les rendre aptes à naviguer et effectuer la périlleuse traversée.
Du 20 juillet 1942 (cotre « la Monique ») au 14 février 1944 ( goémonier «l’Amity », ce seront 13 bateaux restaurés (cotres, goémoniers, sablier) qui rallieront les ports du sud de l’Angleterre (Fowey, Plymouth, Salcombe, Penzance). Un 14ème, « le Requin », aura été construit clandestinement de toutes pièces en 11 jours et motorisé avec un moteur de voiture de 10 cv : c’est lui qui emmènera le 31 octobre 1943 vers l’Angleterre Ernest Sibiril – ayant échappé le 18 juillet 1943 à la Gestapo et entré en clandestinité - et son frère Léon, ainsi que 6 autres évadés.
Au total, près de 200 aviateurs et agents de renseignements alliés, Résistants, et Français libres en mission auront été exfiltrés vers l’Angleterre par le Réseau Sibiril.